SANTÉ-SÉCURITÉ Automatiser l'attache des chromos pour protéger les salariés
En 2011, le service marketing du groupement de producteurs Cerdys a mis au point un concept pour fixer les chromos sur les tuteurs des plantes grimpantes. Xavier Lavedeau, gérant de Cerdys-Lavedeau, a fait appel à Végépolys et au Cetim Certec pour concevoir une machine destinée à les attacher.
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En arrivant à Saint-Denis-en-Val (45), dans la serre principale des pépinières Lavedeau, on découvre un drôle d'équipement. Au milieu des chromos bien rangés sur les étagères, il trône sur 1,50 m de large et 2 m de hauteur. « C'est notre "machine à picots" », lance Xavier Lavedeau, le gérant de l'entreprise Cerdys-Lavedeau. Cet outil permet d'enfoncer les picots en plastique dans les chromos qui sont ainsi fixés sur le tuteur de la plante. Tout a commencé lorsque Xavier Lavedeau, un des leaders de la production de plantes grimpantes en France, décide, avec le groupement de producteurs Cerdys, de créer un nouveau concept pour exposer ses végétaux. Un présentoir a donc été conçu pour que les pots soient maintenus droits dans les jardineries. Il a décroché un Innovert® d'Or lors du Salon du végétal, à Angers en 2012. Le chromo est fixe et bien visible pour le consommateur grâce à son positionnement sur une échelle en bambou. De nombreuses jardineries ont adopté cette struture, et les picots en plastique, positionnés en haut et en bas du chromo, remplacent dorénavant les liens verts. Les commandes affluent, les jardineries sont satisfaites.
Jusqu'à 5 000 chromos par jour
Pourtant, au bout d'un an, le bilan était loin d'être aussi positif pour les équipes de la pépinière : à raison de plus de 200 0000 plantes à étiqueter chaque année, jusqu'à 5 000 par jour en pleine saison, le producteur devait employer 10 % de main-d'oeuvre supplémentaire pour positionner les picots. Et pire, ce travail fastidieux était susceptible d'entraîner des troubles musculo-squelettiques (TMS) et des douleurs aux articulations des mains.Xavier Lavedeau s'est donc adressé à Végépolys, le pôle de compétitivité du végétal, pour y remédier. Cet organisme a pour but de développer l'innovation dans les filières du végétal spécialisé. Nicolas Maniez, le chargé régional de mission, a relevé le pari : trouver un prestataire qui pourra concevoir une machine adaptée répondant précisément aux besoins. « Notre travail au quotidien est de croiser les différents secteurs d'activités et de dénicher de nouvelles compétences pour nos adhérents. Nous travaillons avec les secteurs de la cosmétique, de la mécanique, des écomatériaux, des nouvelles technologies numériques... au service du végétal. Quand Xavier Lavedeau m'a demandé cette machine, je me suis rapproché d'un autre de nos adhérents, le Cetim Certec. » Ce centre technique, qui accompagne les industriels dans leurs projets de recherche et d'innovation « mécanique et matériaux », est installé à Bourges (18) depuis quinze ans. Il possède un laboratoire d'essais mécaniques, qui permet de réaliser des prestations Cofrac (association chargée d'accréditation), et un laboratoire de métrologie.
Le nouveau système traite huit chromos à la minute
Une analyse fonctionnelle du besoin a été rédigée. Tous les protagonistes se sont mis d'accord sur les fonctions et le résultat que doit apporter la machine. Puis le Cetim Certec a réalisé le prototype de cet équipement afin de pouvoir passer à la production. Concrètement, un bol vibrant, rempli de picots, les tourne dans le bon sens. Une pince les prend et les enfonce dans la première encoche du chromo, puis celui-ci glisse doucement et la pince vient placer un deuxième picot. Le chromo est ensuite expédié dans un réceptacle à l'arrière de la machine. Le système traite 8 chromos à la minute, presque aussi vite que les salariés. « Nous avons contacté le Cetim Certec à l'automne 2012 et la machine était opérationnelle en février 2014. Il a fallu faire de multiples réglages pour positionner précisément le picot. Plus d'un an, c'est long. Le Cetim n'a pas la même réactivité que nous avec nos clients », estime Xavier Lavedeau. Pour le centre de mécanique, la difficulté était d'arriver à concevoir un prototype qui soit également la machine de production... Lors de la livraison, la Caahmro, coopérative de matériel horticole basée à Saint-Cyr-en-Val (45) qui fournit les picots, a également participé à l'installation d'un compresseur spécial permettant d'atténuer le bruit. Depuis deux ans, le prototype fonctionne bien. Même s'il est encore perfectible, le pépiniériste en est satisfait. « En termes de sécurité, cette machine, qui est totalement fermée, est impeccable. Il faudrait encore faire évoluer la vitesse. » Question organisation, seuls quelques permanents peuvent s'en servir. L'utilisation est réservée à la personne qui prépare les picots, selon les commandes. Lorsqu'ils viennent visiter l'entreprise, les clients apprécient le nouveau meuble présentoir et cette automatisation des tâches. Ils jouent le jeu. Botanic, par exemple, pour sa nouvelle marque de distributeur, a revu l'ensemble de ses chromos pour qu'ils soient compatibles avec la nouvelle machine à picots !
Végépolys a accompagné Xavier Lavedeau dans toutes les phases du projet, depuis l'écoute du besoin jusqu'au suivi de conformité au cahier des charges du départ. Il s'est notamment occupé de la recherche de financement et du montage du dossier. Un prototype comme celui-ci coûte 22 000 euros. L'Aritt, l'Agence régionale pour l'innovation et le transfert de technologie en région Centre - Val de Loire, a coordonné les réunions de financement, et le conseil départementaldu Loiret a versé la somme de 10 000 euros pour cet équipement.
Cette « machine à picots » est un bel exemple d'innovation et de partenariat réussi, le tout pour préserver la santé des salariés !
Aude Richard
La mise au point de la machine à picots a bénéficié de l'aide de Végépolys et du Cetim Certec. Huit chromos sont installés à la minute. Un bol vibrant, rempli de picots, les tourne dans le bon sens. Une pince les prend et les enfonce dans la première encoche du chromo. Celui-ci glisse doucement et la pince vient placer un deuxième picot. Le chromo est ensuite expédié dans un réceptacle.
Différents chromos peuvent s'adapter sur la machine, à l'image de ceux de l'enseigne Botanic (à droite).
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